Rédaction
Les congés de Noël sont terminés, et nous voilà de retour en classe.
A peine installée, notre maîtresse, comme à chaque rentrée nous demande de sortir une feuille pour y écrire une rédaction.
Cette fois, le sujet est : Racontez vos vacances.
Evidemment, pour moi ce n’était pas difficile, j’avais vécu des journées exceptionnelles.
En effet, le premier jour, il faisait très froid à Lille, de l’autre côté de la fenêtre j’apercevais de petits flocons de neige qui tombaient du ciel sombre. Le silence régnait dans notre rue, j’avais la chair de poule.
Maman et papa se dépêchaient de se préparer. Ils avaient rendez vous avec le médecin de Valentine parce que cet après midi là elle allait être placée dans une chambre spéciale. Maman m’avait expliqué mais je n’avais pas vraiment compris. Je savais juste qu’on ne pourrait plus lui faire de câlins et qu’elle ne pourrait plus sortir de cette pièce tant qu’elle n’aurait pas un nouveau petit cœur.
En attendant, moi j’allais chez mon ami Jules, comme chaque fois que maman et papa se rendaient au chevet de Valentine et que je ne pouvais pas venir. En plus sa maman est gentille, quand elle voit que je m’inquiète, elle me prend sur ses genoux et me réconforte.
Papa et maman avaient l’air très fatigué et tellement nerveux ! Quand ils sentaient que je me faisais du souci ils me répondaient toujours la même chose : « Mais ne t’en fais pas mon petit Louis, tu vas voir tout cela sera bientôt terminé. » Mais moi, je ne suis pas débile, je comprends très bien tout ce qui ce passe. Alors pour ne pas les inquiéter, chaque fois je faisais la même chose, un petit hochement de la tête pour leur montrer ma compassion.
Maman m’avait dit que le lendemain si tout se passait bien, je pourrais aller avec eux voir ma petite sœur. J’espérais que cela ne serait pas trop impressionnant.
J’avais vraiment passé un bon moment chez Jules. On avait joué aux gendarmes et aux voleurs, c’est mon jeu préféré !
Quand je suis rentré chez moi j’ai vu Papa, il avait l’air un peu bouleversé, je n’osais pas demander comment cela c’était passé.
Alors il m’expliqua que maman était restée à l’hôpital pour la nuit.
En effet Valentine n’avait pas beaucoup apprécié son changement de chambre, lorsqu’elle avait vu qu’elle ne pourrait plus sortir jouer avec les autres enfants elle s’était mise à hurler.
Ce matin là quand je m’étais réveillé, maman était déjà rentrée.
Pendant qu’elle préparait les affaires de Valentine, je m’étais installé à mon bureau pour faire de beaux dessins pour décorer la chambre de ma sœur.
Après le déjeuner, maman et papa m’avaient proposé d’aller rendre visite à Valentine.
Pendant le trajet j’avais le cœur qui battait tellement fort que je l’entendais.
Lorsque nous sommes arrivés, l’infirmière nous a dit que je n’avais pas le droit de rentrer dans la chambre, alors Papa s’est énervé, est après un long moment de négociation entre mes parents et le service de pédiatrie, je pus enfin voir ma sœur, à travers une vitre.
On lui avait posé une perfusion sur la main, la chambre était pleine de machines diverses qui émettaient de petits bruits. J’étais ému, mais je serrais fort les dents pour ne pas pleurer. Il y a eu un long silence, puis une petite dame a surgi dans la pièce ou nous étions.
Elle nous dit « La petite Valentine est dans la chambre 217, suivez moi, vous allez devoir porter la tenue réglementaire. «
Nous avons donc enfilé un pyjama bleu, une bavette et des gants. C’était drôle on ressemblait à des schtroumfs ! Une fois habillé, je suis rentré dans la chambre de Valentine, lorsqu’elle m’aperçut j’ai vu son visage s’éclaircir. Un beau sourire apparut sur son visage pâle.
J’ai pu jouer avec elle pendant un moment. Puis très vite elle s’est endormie car elle était très fatiguée.
Je lui ai accroché les dessins que j’avais faits dans la matinée.
Maman resta un petit moment à regarder Valentine dormir, puis nous sommes partis.
J’étais fatigué parce que la nuit les médecins de garde avaient appelé. Valentine ne s’arrêtait plus de pleurer, les médecins ne savaient plus quoi faire. Papa était donc parti en pleine nuit dormir avec ma petite sœur.
Dans l’après midi, avec maman nous sommes retournés à l’hôpital.
J’ai pu rester tout seul avec Valentine, maman avait rendez-vous avec l’équipe médicale pour le déroulement de la greffe. Malheureusement, à ce moment il n’ y avait plus beaucoup de petits cœurs tout neufs, moi je pensais que c’était à cause de Noël. Il y avait plein de personnes qui voulaient aussi des cœurs neufs, alors forcement il n’y en avait plus.
Valentine avait donc été placée sur une liste d’attente.
Moi je ne suis pas très patient, alors j’espérais qu’il y aurait bientôt un cœur en stock!
Valentine n’allait pas très bien aujourd’hui, elle était très fatiguée elle n’a même pas pu jouer. Les médecins ont préféré qu’on la laisse se reposer, alors j’ai attendu dans la salle d’attente pendant un moment ! Qu’est ce que j’ai pu m’ennuyer.
En fin de journée, avant que je rentre à la maison, les médecins avaient l’air perplexe.
Ils avaient donné de fortes doses de médicaments, et Valentine n’allait toujours pas bien.
Maman était inquiète, les médecins aussi. Le petit cœur de ma petite sœur n’arrêtait pas de faire des bêtises !
Comme la situation ne s’arrangeait pas, papa est venu me chercher et maman est restée avec Valentine.
Je me faisais de plus en plus de soucis, les médecins et les parents aussi.
Valentine avait été placée prioritaire sur la liste d’attente.
Une nuit elle devait être transférée dans un autre hôpital pour passer des examens. Mais son état était trop « critique » comme disent les médecins pour qu’elle puisse supporter un voyage.
Pendant ce temps mamie est venue s’occuper de moi.
La nuit, comme je n’arrivais pas à dormir, j’ai écrit une lettre au père Noël, en voilà un extrait :
« Cher Père Noël, cette année, je crois avoir été bien sage. Pour noël je ne veux ni Gameboy, ni arc ni aucun de tous les magnifiques jouets que tu nous m’offres tous les ans.
Cette année j’aimerai juste que tu apportes un nouveau petit cœur pour ma petite sœur, j’espère que tu sais ou est-ce que cela s’achète.
Père noël je te fais confiance. Prend bien soin de ma lettre.
Merci, Louis
P.S: Ne prend pas en compte les fautes d’orthographes, maman n’est pas là pour les corriger. »
Maman était très triste, elle était malade, elle ne pouvait donc pas voir Valentine, qui était toujours dans un mauvais état.
Papa travaillait, il était en vacances le lendemain.
Comme nous n’avions toujours pas de signe de petit cœur j’ai proposé à maman de partager le mien avec Valentine mais elle m’a dit que ce n’était pas possible.
Maman m’avait expliqué que les médecins allaient faire passer des examens à Valentine pour voir si un autre virus ne se cachait pas.
L’après midi l’hôpital organisait un goûter pour les familles des enfants en chambre stérile et après maman avait encore rendez vous avec le médecin pour les greffes.
En sortant nous avions prévu de préparer le réveillon de noël, il y aurait mes grands-parents et mes oncles et tantes et peut-être quelques cousins.
Ca serait le premier noël sans ma petite sœur, cela attristait beaucoup la famille.
J’aurais tellement aimé qu’il y ait un petit cœur pour ma sœur. Pour enfin la revoir courir, jouer, rigoler, vivre !
Les parents étaient tellement tristes, et les médecins tellement désolés. Ils ne savaient plus quoi faire. Voilà plus de 4 mois que Valentine n’était pas revenue a la maison et bientôt cinq jours qu’elle n’était pas sortie de son petit lit froid.
Le reste des vacances s’étaient écoulées dans l’angoisse et l’attente d’un cœur.
Quelques jours plus tard, lorsque la maîtresse nous rendit nos devoirs, elle s’approcha de moi, le regard noir. J’étais étonné, car j’étais assez satisfait de la rédaction que j’avais écrite.
Devant tous mes camarades, elle m’humilia en disant qu’il ne fallait pas mentir avec des choses aussi graves, que vraiment je devais ressentir beaucoup de honte, Elle était si en colère qu’elle avait refusé de me donner une note.
Je ne m’étais jamais senti autant vexé que ce jour là, je n’en revenais pas. Comment aurais-je pu inventer une telle histoire. Je me mis à pleurer et le soir, je racontais tout à mes parents.
Eux aussi avaient des choses à me dire :
Dans la journée, l’hôpital les avait appelé en urgence, Valentine n’allait pas bien du tout mais heureusement, un petit cœur était arrivé pour ma petite sœur, elle allait être sauvée.
Le soir à la maison mes parents parlaient peu. Mais quand j’écoutais en cachette la discussion maman parlait de « réanimation », je ne savais pas vraiment ce que cela voulait dire mais j’avais bien compris que c’était grave. Maman sanglotait au téléphone.
Papa et maman sont partis voir Valentine toute la nuit à l’hôpital.
Moi je suis resté à la maison avec la maman de Jules, mais je pensais encore aux méchantes paroles de la maîtresse. Papa avait bien essayer de me rassurer, mais il était tellement préoccupé !
La maman de Jules nous avait préparé un très bon repas, mais je n’avais pas faim. J’étais tellement triste, , la mâchoire serrée. Je me concentrais pour ne pas faire apparaître sur mes joues, un semblant de tristesse.
En réalité les parents aussi devaient avoir la mâchoire serrée, ils essayaient de sourire, rire mais bien souvent leurs regards vides les trahissaient.
Et cette maîtresse qui ne me croyait pas…
Ce n’était pas très clair dans ma tête mais je n’avais pas osé poser trop de questions.
J’avais compris l’essentiel, Valentine allait à nouveau pouvoir mener une vie de petite fille.
Je m’imaginais déjà la voir jouer dans le jardin avec moi.
Dans l’après midi, papa nous a téléphoné pour nous donner des nouvelles :
L’opération avait duré une dizaine d’heures mais maintenant, Valentine se portait bien. Tous les risques étaient écartés..
En entendant la voix de papa, j’ai senti tout mon corps frissonner et des sanglots remontaient de ma gorge.
Valentine était sauvée, Valentine allait vivre…..
Malgré ma colère de la veille, c’est le cœur léger que je poussais la porte de l’école le lendemain.
Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque la maîtresse s’avança vers moi et m’embrassa en s’excusant.
Je n’en revenais pas, mes parents avaient pris le temps de téléphoner à l’école, pourtant, ils avaient d’autres soucis en tête…